Aguérine Zar
Francia
J’ai toujours aimé le collage, couper, découper, redécouper, coller.
Je n’ai cessé d’adorer ça jusqu’à mon adolescence.
Après une pause de quasiment 20 ans, je suis tombée sur des œuvres de l’artiste Ojerum il y a un an, et j’ai redécouvert le collage. Grâce à une multitudes de colleurs et à leur travail c’est naturellement que j’ai recommencé, frénétiquement, à coller.
J’ai redécouvert un espace de liberté, un lieu où tout est permis.
J’ai redécouvert la possibilité de créer de nouveaux mondes à partir d’univers déjà existants. J’ai redécouvert ce que j’aime : assembler, réunir des images pour recréer un ensemble, qui, ne devrait pas aller ensemble.
Le collage n’est pas simplement une passion, c’est un exutoire, une façon matérielle de pénétrer dans un monde étrange, drôle, émouvant des fois.
Un monde à soit où l’on est ravi d’accueillir les autres, un monde où, finalement, nous ne sommes jamais seul car ce sont les autres qui sont là, avec nous, au travers de leur art.
C’est peut-être cette communication silencieuse, parfois ignorée, qui me fascine le plus dans le collage.
J’aime absolument tous les styles de collage. Autant à voir qu’à faire, car ce que j’aime c’est découper, assembler puis coller.
Coloré, monochrome, surchargé, épuré, j’aime tout faire et surtout, j’aime changer de « style ».
Ainsi, je ne pourrais définir « mon style », c’est le mécanisme même de cet art que j’aime.
Ce qui compte pour moi, c’est le fait de recréer une ambiance ; cohérente, esthétique (je l’espère), inspirée par d’autres. Réunir des mondes éclatés pour en faire un tout, pénétrer dans ce lieu de liberté où il ne peut, par définition, y avoir d’idées préconçues.
Je ne sais jamais ce que je vais faire lorsque je sors ma planche à découper, ma trousse, mes magazines.
Les magazines.
La matière que je préfère travailler, peu importe le type. J’aime la diversité des papiers, des images, des styles.
Et cela revient à mon idée première du collage : ce sont les autres qui m’inspirent, ce sont les autres que je souhaite réunir sur ma feuille, principalement au format A3.
Ce que j’aime le plus peut-être, ce sont les « personnages » : les visages, les corps, surtout ceux des femmes. C’est souvent de là que je pars en me posant cette question : comment créer un lieu à cette femme ? À cet homme ?
Je veux inventer une « ambiance » à mes personnages, produire un nouveau tableau,
trouver « le truc qui marche ». Et pour cela ce sont les formes et les couleurs sur lesquelles je m’appuie, puisque j’aime beaucoup travailler les chutes et donner une seconde vie à tout ce qu’on pourrait jeter.
J’assume et j’aime l’imperfection de ce que peut être un collage analogue, son aspect quasi organique : le manque de symétrie, les traces de colle, une image mal découpée… Car j’adore que tout cela puisse malgré tout donner naissance à quelque chose de beau et de différent. Ainsi le principe de répétition où de série m’amuse beaucoup, comme la série des Carte postale que je compose au grès de mes envies. Le fait de structurer ou de répéter quelque chose qui ne peut pas l’être devient comme un point d’étape dans mon travail, assure une forme de continuité et de chronologie dans ce que je fais.
Je pense que j’aime simplement et profondément le collage en ce qu’il a de plus pur : son essence.